Detail of the rice plant at sunset in Valencia, with the plantation out of focus. Rice grains in plant seed.

Agriculture régénératrice : définition, principes et pratiques

Qu’est-ce que l’agriculture régénérative ?

C’est dans le contexte où les défis liés à la santé des sols et aux changements climatiques sont de plus en plus préoccupants, que l’agriculture régénératrice apparaît comme une approche plus durable du travail des terres agricoles. Cette pratique vise la restauration des milieux agricoles, tout en créant des écosystèmes plus résilients et plus fertiles capables de s’adapter aux enjeux contemporains comme futurs. Elle a également pour objectif de préserver la biodiversité pour les générations à venir. Des initiatives, telles celles portées par le Fonds de Dotation Roullier, jouent un rôle essentiel en soutenant la recherche visant à renforcer nos connaissances sur la santé des sols et à promouvoir des pratiques agricoles durables à l’échelle mondiale. Ensemble, ces efforts contribuent à créer un avenir où l’agriculture participera à la conservation des sols

Principes et particularités de l’agriculture régénérative

Depuis 1990, on observe l’émergence du principe d’agriculture “simplifiée”, renommée par la suite “agriculture de conservation”, et plus connue maintenant sous le terme : “d’agriculture régénérative”; qui révèle l’intérêt croissant des chercheurs pour une agriculture plus durable. Cette nouvelle méthode d’exploitation des terres aspire à maximiser la qualité des sols en adoptant des pratiques durables et régénératrices. Selon le centre de recherche INRAE, l’agriculture conservatrice repose sur trois principes dont la réduction du travail du sol, la couverture du sol ainsi qu’une rotation diversifiée des cultures. (Source : Comment l’agriculture de conservation peut améliorer la qualité des sols ? | INRAE)

On peut préciser et compléter cette définition. Selon le FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) l’agriculture régénératrice définirait des systèmes agricoles holistiques qui ont pour but de renforcer la qualité de l’eau, fortifier la biodiversité des écosystèmes et stocker le carbone pour contribuer à atténuer les effets du changement climatique. Dans ce mode de culture, les agriculteurs aspirent à la production d’aliments riches en nutriments grâce à des systèmes agricoles conçus pour fonctionner en synergie avec la nature. (Source : Regenerative Agriculture | FAO)

Les fondamentaux de l’agriculture régénérative sont divers. Tout d’abord, il est important de noter que ce concept se focalise sur la santé des sols. En effet, la santé des sols est au cœur de l’agriculture régénératrice. Les pratiques sont axées sur la régénération des sols en favorisant la biodiversité microbienne, en augmentant la matière organique et en préservant la structure du sol. Il est aussi important pour les agriculteurs qui suivent le principe d’agriculture régénératrice de s’impliquer localement. En effet, ce principe promeut l’engagement et la coopération au sein des communautés locales, encourageant ainsi l’adoption de pratiques agricoles durables et la création de systèmes alimentaires résilients. Les agriculteurs adeptes de l’agriculture régénérative adoptent une approche holistique, prenant en considération l’intégralité du système agricole, englobant les dimensions économiques, sociales et environnementales. Ils conçoivent les systèmes agricoles de manière à favoriser la durabilité à long terme. L’agriculture régénératrice s’axe aussi beaucoup sur des pratiques agricoles qui permettent d’atteindre une approche holistique de la gestion des exploitations. Ces pratiques peuvent être : la diversification des cultures qui permet une résilience face aux maladies, aux ravageurs et aux conditions météorologiques variées; le non-labour ou une couverture végétale continue ou encore la réduction maximale des intrants chimiques.

L’agriculture régénératrice peut être considérée comme une sous-catégorie de l’agriculture biologique. En effet, elle adopte des pratiques similaires en fonction de ses propres objectifs, qui vont au-delà de la simple préservation des sols. L’agriculture régénératrice ne se limite pas à maintenir la qualité des sols ; elle améliore également leur fertilité en exploitant exclusivement leurs ressources internes. Cela crée progressivement un cercle vertueux, libéré de toute dépendance à des ressources extérieures. Cependant, bien que la philosophie de cette pratique est de limiter au maximum l’utilisation de ces intrants, l’agriculture régénératrice n’interdit pas nécessairement l’usage de pesticides chimiques contrairement à l’agriculture biologique.

Concrètement, l’absence d’un label clair définissant les règles de l’agriculture régénérative conduit à une diversité de pratiques : certaines exploitations utilisent des intrants, d’autres non. Ainsi on remarque la nécessité de canaliser l’intérêt grandissant pour l’agriculture régénérative. En effet, on constate la difficulté d’établir un cahier des charges commun face à la diversité des terroirs. Une standardisation trop stricte mènerait le concept d’agriculture régénérative vers un modèle unique qui ne laisserait pas assez de place pour la multitude de formes d’agriculture. Il est nécessaire d’adapter cette pratique aux spécificités des différents territoires. L’agriculture régénératrice n’est pas une notion figée puisqu’elle permet aux agriculteurs d’ajuster leurs choix en fonction de la réalité technico-économique de leur exploitation. En effet, l’agriculture régénératrice s’adapte aux conditions locales en tenant compte des particularités climatiques, géographiques et sociales propres à chaque région.

La santé des sols au cœur de l’agriculture régénératrice

Les pratiques agricoles régénératrices visent à placer la santé des sols au cœur de ses actions. En effet, en raison de plusieurs aspects fondamentaux liés à l’agriculture, à l’environnement et à la durabilité globale, la santé des sols est d’une importance cruciale dans la transition d’une agriculture conventionnelle vers une agriculture régénérative.

La santé des sols constitue un pilier essentiel en agriculture, jouant un rôle crucial dans la production alimentaire et la durabilité environnementale. Comprendre l’importance de la santé des sols est essentiel. En effet,  les sols sains sont le fondement même de la production alimentaire. Ils fournissent un substrat fertile dans lequel les cultures peuvent pousser, absorbant les nutriments nécessaires à leur croissance. Des sols riches en matière organique favorisent une meilleure structure du sol, améliorant la rétention d’eau et facilitant l’aération, des facteurs cruciaux pour la santé des plantes. En effet, la structure saine des sols, maintenue par des pratiques agricoles durables, contribue à réduire l’érosion. Cela protège les terres agricoles de la perte de sol, préservant ainsi leur productivité à long terme. La structure saine des sols, maintenue par des pratiques agricoles durables, contribue à réduire l’érosion. Cela protège les terres agricoles de la perte de sol, préservant ainsi leur productivité à long terme.

En outre, des sols sains agissent comme des réservoirs de biodiversité. Des sols riches en microorganismes bénéfiques favorisent la décomposition des matières organiques, contribuent à la formation d’une structure stable et participent aux cycles biogéochimiques. Ils abritent une multitude de microorganismes bénéfiques, tels que bactéries, champignons et vers de terre, qui contribuent à la décomposition des matières organiques, à la fixation d’azote et à la promotion d’une structure du sol durable. La diversité biologique du sol est un indicateur de sa vitalité et de sa capacité à soutenir des écosystèmes agricoles équilibrés. En effet, des sols en bonne santé favorisent des cultures plus robustes et résilientes aux maladies et aux ravageurs. La biodiversité du sol peut agir comme une ligne de défense naturelle.

La santé des sols à un impact important dans la lutte contre le changement climatique. Les sols agissent comme des puits de carbone, stockant le dioxyde de carbone atmosphérique et contribuant ainsi à atténuer les effets des émissions de gaz à effet de serre. La gestion appropriée des sols peut aider à renforcer cette capacité de séquestration du carbone, participant ainsi aux efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique. Des pratiques agricoles qui favorisent la conservation des sols contribuent à maintenir ces réservoirs de carbone et à atténuer l’empreinte carbone de l’agriculture.

La santé des sols est cruciale en agriculture car elle influe directement sur la productivité des cultures, la biodiversité, la résilience environnementale et la lutte contre le changement climatique. Une gestion appropriée des sols contribue à une agriculture durable. Elle permet une utilisation plus efficace des ressources, réduit la dépendance aux intrants chimiques et favorise la pérennité des pratiques agricoles. En effet, les pratiques agricoles durables qui préservent et améliorent la santé des sols sont essentielles pour garantir une production alimentaire abondante et durable pour les générations futures.

Pourquoi les sols s’appauvrissent ?

L’ère de l’agriculture industrielle, caractérisée par l’utilisation intensive d’engrais chimiques, de pesticides, et de pratiques de labour intensif peut avoir pour conséquence un appauvrissement des sols. Avant cette période, les sociétés agricoles avaient souvent des pratiques plus durables, reposant sur des rotations de cultures et des systèmes agroforestiers qui maintenaient la fertilité des sols. En effet, les pratiques agricoles intensives liées à une utilisation excessive d’engrais chimiques et de pesticides peuvent perturber l’équilibre biologique et épuiser les nutriments qui sont essentiels à la nutrition humaine et animale. Cela peut aussi influer sur la fertilité des sols. La surexploitation des ressources naturelles peut, elle aussi, causer l’appauvrissement des terres agricoles. L’épuisement des nutriments du sol, causé par l’exploitation excessive, peuvent entraîner une diminution de rendement agricole. La pollution industrielle, domestique ou agricole, ainsi que les procédés d’aménagement des territoires, ont un impact direct sur la qualité des sols et leur biodiversité. En effet, l’aménagement des territoires limite la capacité à absorber l’eau du fait des surfaces imperméables qui enferment le sol et ne permet pas de maintenir les conditions propices à la vie microbienne. L’urbanisation non planifiée et les autres pratiques humaines non durables ne permettent pas la régénération des sols et par conséquent mettent en danger la santé des terres agricoles. L’appauvrissement des sols peut également être lié à des processus naturels tels que les changements climatiques qui peuvent provoquer des périodes de sécheresse ou phénomènes climatiques (pluies,sécheresse, vent) qui contribuent à l’érosion des sols.

Depuis les années 1960, avec la prise de conscience croissante des problèmes environnementaux, des organisations internationales telles que la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) ont intensifié leurs efforts pour étudier et sensibiliser aux défis liés à la santé des sols à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, avec la montée des préoccupations environnementales, la durabilité agricole et la régénération des sols sont des thèmes centraux dans les discussions sur l’avenir de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. L’agriculture régénératrice et d’autres approches axées sur la restauration de la santé des sols sont de plus en plus reconnues comme des solutions potentielles pour lutter contre l’appauvrissement des sols et promouvoir une agriculture durable.

 

Comment régénérer et prendre soin du sol ?

La préservation de la santé des sols est un élément crucial dans le principe d’agriculture régénérative. Plusieurs approches agricoles permettent de prendre soin des sols. L’agroécologie ou l’agriculture conservatrice mettent en avant des techniques culturales visant à atteindre des sols fertiles ou à améliorer la structure des terres agricoles. En effet, des techniques d’exploitations des parcelles cultivables telles que la rotation des cultures ou le maintien d’une couverture végétale, permettent une conservation optimale des sols, de ses minéraux et matières organiques pour les agriculteurs.

Mais comment prendre soin des sols ?

Les chercheurs de l’INRAE mettent en avant l’idée que la rotation diversifiée des plantes, l’enrichissement des terres en matière organique et l’intégration d’animaux permettraient d’atteindre la qualité des sols recherchée dans le principe d’agriculture régénératrice. (source : Comment l’agriculture de conservation peut améliorer la qualité des sols ? | INRAE)

En effet, la rotation des cultures est bénéfique pour prévenir l’épuisement des nutriments spécifiques du sol et maintenir un équilibre nutritif. La rotation diversifiée des cultures implique l’alternance entre des plantes destinées à la récolte et des cultures dites « de service ». Ces cultures de service jouent un rôle essentiel dans la réduction de certains bioagresseurs tels que les maladies et les ravageurs, contribuant ainsi à la réduction de l’utilisation d’intrants chimiques dans les sols. En introduisant des cultures de service dans la rotation, on favorise un équilibre naturel dans l’écosystème agricole, réduisant ainsi la dépendance aux produits chimiques pour le contrôle des maladies et des ravageurs. Cette approche s’inscrit dans une perspective de gestion durable des terres agricoles en favorisant la santé du sol et en réduisant l’impact environnemental des pratiques agricoles.

Prendre soin des sols, c’est aussi préserver de la vie biologique et améliorer la structure des terres agricoles. La réduction du travail du sol, et le passage au semis direct permettent de préserver la structure et la vie du sol (vers de terre, champignons, collemboles…) et ainsi stopper l’érosion. Il est crucial d’adopter des pratiques agricoles qui limitent le labour excessif, préservant ainsi la structure du sol et réduisant le risque d’érosion. Cette activité microbiologique, facilitée par la matière organique, contribue à stabiliser les particules minérales du sol en produisant la glomaline. Un sol ainsi stabilisé et structuré présente une meilleure capacité à retenir l’eau, à nourrir les plantes et à résister à l’érosion lors de fortes pluies.

Maintenir une couverture végétale constante, que ce soit par le biais de cultures de couverture ou de paillis, présente des avantages tels que la protection contre l’érosion, la préservation de l’humidité et la promotion de la vie biologique du sol. Les couverts végétaux permettent la régénération des terres cultivables. La couverture des sols tout au long de l’année apporte une protection physique au sol contre, par exemple, l’érosion, les rayons UV et la sécheresse. Elle évite la formation d’une croûte compacte et permet de diminuer l’apparition d’herbes spontanées. La fertilité des sols s’accroît de manière biologique au sein des systèmes agricoles régénératifs, grâce à l’introduction de cultures de couverture et intercalaires, à la rotation des cultures, ainsi qu’à l’application de compost et de fumiers. Ces approches rétablissent le microbiome des plantes et du sol en encourageant la libération, le transfert et le recyclage des éléments nutritifs essentiels du sol.

L’introduction de cultures pérennes, telles que les arbres fruitiers ou les légumes vivaces, joue aussi un rôle important dans la structure du sol. En effet,on peut prendre l’exemple de l’agroforesterie, qui implique la plantation d’arbres et de haies pour favoriser la biodiversité. L’intégration d’arbres et de cultures favorise la biodiversité, améliore la fertilité et contribue à créer un écosystème équilibré ce qui permet la diminution d’intrants chimiques. En effet, le principe d’agriculture régénérative suppose de restreindre l’utilisation de produits phytosanitaires et d’engrais chimiques, privilégiant plutôt l’emploi d’engrais verts, de compost, de fumier ou encore de lisier. L’agroforesterie représente également une option à considérer. Le concept consiste à introduire la plantation d’arbres au sein de parcelles destinées à la culture ou au pâturage, offrant ainsi divers avantages : une synergie bénéfique avec les cultures entraînant une amélioration de la productivité, une augmentation de la fertilité des sols grâce à l’apport de biomasse, une rétention accrue de l’eau, le stockage du carbone, ainsi que des abris ombragés pour les animaux.

 

L’introduction d’animaux, notamment à travers des pâturages rotatifs, peut naturellement fertiliser le sol grâce aux déjections animales.Cette présence d’engrais naturels établit ainsi une corrélation importante entre la qualité des sols et la présence d’animaux.

Les travaux de recherche de l’INRAE démontrent que les effluents organiques produits par les élevages ovins et bovins contribuent à fournir une matière organique indispensable aux besoins des sols agricoles. La matière organique est cruciale en agriculture pour plusieurs raisons essentielles à la santé des sols et à la productivité agricole. On peut notamment indiquer la séquestration de carbone par le sol comme bienfait car il participe à atténuer les émissions de gaz à effet de serre et à lutter contre le changement climatique. En ce qui concerne la gestion de l’eau, l’adoption de techniques telles que les bassins de rétention et les systèmes d’irrigation efficaces est essentielle pour maintenir une humidité adéquate du sol.

 

Conclusion

En conclusion, l’agriculture régénératrice émerge comme une approche novatrice et durable pour répondre aux défis croissants de nos sociétés contemporaines. En favorisant la santé des sols, la biodiversité et la résilience des écosystèmes, cette pratique transcende les potentielles limites de l’agriculture conventionnelle. Les agriculteurs qui utilisent ces méthodes témoignent d’une amélioration significative de la qualité des sols, de rendements durables et d’une réduction de leur dépendance aux intrants chimiques. De plus, cette approche s’aligne avec les objectifs globaux de lutte contre le changement climatique en capturant le carbone dans les sols. Ainsi l’agriculture régénératrice apparaît comme une réponse aux enjeux modernes tels que les enjeux écologiques.